Quel passionné de Jaurès ne connait pas Gilles Candar ? Un des piliers des études jaurésiennes, grand animateur de la cause jaurésienne, mais aussi le co-auteur de la biographie de référence, la Vie de Jaurès publié avec Vincent Duclerc.
Nous l’avons sollicité pour une rencontre autour de Jaurès ; pour nous raconter son chemin jaurésien, mais aussi pour partager ses impressions sur Jaurès philosophe et visionnaire.
Nous avons été touchés par sa gentillesse, sa disponibilité et l’accueil dans son logement parisien. Merci Gilles Candar !
Historien, Jean-Baptiste Alba est actuellement directeur du Centre national et musée Jean-Jaurès. Passionné par l’histoire de sa région, ses recherches l’ont amené à publier plusieurs articles et ouvrages, notamment Castres, au fil des histoires (Privat, 2021), « Aspirant Louis Jaurès, « Faire face toujours » » (Revue du Tarn, n°250, 2018) et Amiral Charles Jaurès, « Homme de courage et de cœur » (Editions du Panthéon, 2017).
Il nous fait le plaisir de nous accueillir au Musée, et partage avec nous « sa passion Jaurès »
Enseignant, chercheur et journaliste spécialisé sur le religieux, le spirituel et la laïcité, Eric Vinson est un des passionnés de Jean Jaurès parmi les plus marquants que nous ayons rencontré. Il est co-auteur avec son épouse Sophie Viguier-Vinson de l’ouvrage « Jaurès, le prophète – mystique et politique d’un combattant républicain », paru chez Albin Michel en 2014.
Très belle et féconde rencontre dans son domicile de la région parisienne !
Intellectuel et militant juif américain, Harvey Goldberg est né à Orange, dans le New Jersey. Il a obtenu son doctorat à l’Université du Wisconsin en 1951. Le sujet de sa thèse s’appliqua à « Jaurès et la politique étrangère française ». Goldberg a débuté sa carrière comme historien à l’Oberlin College, puis l’a brillamment poursuivie à l’Université d’État de l’Ohio, où il a enseigné jusqu’en 1963. Ses années à l’État de l’Ohio ont été marquées par des réalisations extraordinaires comme enseignant ( ses cours connurent une audience importante et son art oratoire fut reconnu exceptionnel). Il fut aussi un militant gay, pacifiste (contre la guerre du Vietnam) et même écologiste, engagé pour le Larzac lors de ses réguliers séjours en France ! Il fut ami de l’historien et militant écologiste Jean Chesneaux ( président de Greenpeace-France de 1997 à 2004), rencontra Sartre et Simone de Beauvoir.
Il a publié de nombreux articles sur l’histoire sociale dans des revues américaines et internationales, en particulier à The International Review of Social History. Parmi ses livres, le plus remarquable a été la fameuse biographie « The life of Jean Jaurès. A biography of the great French socialist and intellectual » publiée en 1962 et traduite en France en 1970.
J’écris cette note car je viens de recevoir l’ouvrage et me suis naturellement intéressé à son auteur ! On notera que le titre initial de l’ouvrage est « La vie de Jean Jaurès. La biographie d’un grand intellectuel socialiste français » et non comme cela a été traduit dans la version française : « la biographie du fondateur du parti socialiste français. » Il y a la une importante nuance me-semble-t-il.
Harvey Goldberg est décédé en Mai 1987. Autour de son œuvre est créé le Centre Goldberg, qui perpétue se vision de l’histoire sociale engagée et humaniste : https://goldbergcenter.osu.edu
Nous avons été lecteur du très intéressant ouvrage de Camille Grousselas, « Oser l’idéal ». Nous avions assisté à une de ses conférences à Toulouse, invité par l’Association toulousaine des Amis de Jaurès.
Nous avons été édifié par l’intérêt de son propos, sa fine connaissance de la philosophie jaurésienne et la sensibilité avec laquelle il aborda le cœur métaphysique et spirituel qui en constitue l’épicentre. Il sut mettre à jour ce « moyeu de sens » autour duquel la dynamique de vie et d’action de Jaurès s’est organisée.
Nous n’avons pu résister d’aller le rencontrer à Paris. Il nous a accueilli avec une hospitalité remarquable. Nous sommes heureux de partager ces vidéos (suite à venir) de nos échanges qui témoignent de son parcours et de l’intérêt de ses travaux !
Toujours ce mois de Mars 2022, rencontre passionnante à Paris de Camille Grousselas. Nous avions lu son livre « Oser l’Idéal » et l’avions entendu lors d’une remarquable conférence à Toulouse, organisée par l’Association « Les Amis de Jaurès ». Nous avions eu quelques échanges qui nous ont permis de partager des convergences : notamment les racines hébraïques et cabalistiques de certains concepts jaurésiens, le dialogue intime avec christianisme et en particulier la figure du Christ, qui traverse ses textes… Autant de liens avec les approches de Jordi Blanc et de Eric Vinson. Sans oublier les ouvertures qu’avaient mise à jour le professeur de philosophie d’origine graulhetoise, Jean Marc Gabaude, dans son livre Jean Jaurès philosophe…
Beau moment de partage avec Eric Vinson, docteur en science politique, chercheur et enseignant spécialisé sur les faits religieux et la laïcité.
Il est en particulier l’auteur avec son épouse Sophie-Viguier-Vinson, de l’ouvrage « Jaurès le prophète, mystique et politique d’un combattant républicain« , publié en 2014, aux éditions Albin Michel. Dans la vidéo prochainement disponible, Eric Vinson développe sa découverte de Jaurès, et l’enracinement de l’engagement politique de ce dernier dans les dimensions mystiques et spirituelles. Ce qui à ses yeux rapproche le grand républicain de Nelson Mandela et Gandhi. A ses yeux comme aux nôtres, la profonde cohérence jaurésienne qui allie philosophie et action, éthique et engagement, est une ressource extraordinaire pour l’avenir du politique. Merci à Eric et Sophie pour leur accueil et la qualité de leur engagement !
Un beau moment de partage avec Gilles Candar, qui nous a fait l’honneur et l’amitié de nous recevoir à son domicile à Paris. Nous avons apprécié la gentillesse et le naturel de l’accueil, ainsi que la disponibilité à l’échange du Président de la Société d’études jaurésiennes. Au fait de notre initiative sur « Jaurès philosophe » M. Candar s’est prêté avec plaisir au dialogue, témoignant d’une belle ouverture « aux différentes sensibilités » que suscitent la richesse et le génie de Jaurès. Dans quelques jours, nous mettrons en ligne la vidéo réalisée, dans laquelle il conte sa rencontre avec l’œuvre jaurésienne, partage un panorama des grandes thématiques, de l’actualité et de l’intérêt à ouvrir de nouvelles perspectives sur l’oeuvre et l’homme, notamment les dimensions philosophiques.
En vue d’un travail ultérieur et sans doute d’une prochaine publication, nous allons collecter un certain nombre de citations sourcées, extraites des oeuvres, cours, articles et discours de Jaurès. Ces citations réfèrent à la dimension métaphysique, « au goût de l’infini », à la profondeur spirituelle et évolutionnaire de la vision de Jean Jaurès. Trop nombreuses et foisonnantes, nous nous limiterons aux plus évocatrices, aux plus poétiques, à celles qui sont le plus en résonance avec notre temps. Nous ferons également en sorte de puiser ces citations et extraits, non pas seulement dans sa thèse et ses œuvres de jeunesse, mais tout au long de sa vie, laquelle met en acte sa pensée. Nous allons ajouter ces citations, ci-après, au fur et à mesure, et solliciter quelques amis et grands lecteurs pour accompagner ce travail de collecte. N’hésitez pas à nous joindre si vous souhaitez participer – contactez-nous au mail suivant :
aslafy@gmail.com
1 – « Bien des hommes, qui avaient cru que la science les condamnait à nier ou à douter, s’avisent que la loi même de l’évolution qui fait monter les êtres et les choses de la vie, vers la pensée, vers la conscience, révèle le mystère divin qui est dans l’univers… »
Article de la Dépêche de Toulouse, du 10 Juin 1888
2 – « C’est la leçon de la vie qui monte d’espèces en espèces, qui, degré par degré, semble gravir vers une cime, comme si la vie avait pour loi dans la nature même de se dépasser sans cesse elle-même, vous obligeant ainsi à chercher le ressort profond de ce mouvement et de cette ascension. Et c’est dans cette montée l’élargissement de l’esprit, la croyance, la confiance croissante de l’esprit en lui-même ». Pour la Laïque, discours des 21-24 janvier 1910, à la Chambre des députés.
3 – « La vie de l’homme ne peut être isolée de l’infini où elle se meut et elle tend ». Jaurès aux obsèques de Sautumier, la Petite République, 17 novembre 1896 (Cité par C. Grousselas, Jean Jaurès, Oser l’Idéal, p. 123).
4 – « Quand j’aurai touché le fond de l’univers, il faudra bien revenir à la surface, très mêlée et très agitée ». Concernant le travail de préparation philosophique de sa thèse, Lettre à Charles Salomon, du 10 Août 1882.
5 – « J’ai acquis l’art très difficile de flâner et de végéter doucement une journée entière, sans étudier, sans lire, et presque sans penser. C’est un art admirable, et que je veux cultiver, car il doit être d’une grande ressource dans les années de vieillesse ou de fatigue pour garder sa bonne humeur et la sérénité d’esprit ». Lettre à Cherles Salomon, du 11 Mars 1883.
6 – « Nous ne pouvons produire un seul mouvement, déplacer un seul grain de sable, sans modifier l’équilibre de l’univers tout entier. » Idéalisme et matérialisme dans la conception de l’histoire, 1894.
7 – « Il y a dans l’histoire humaine, non seulement une évolution nécessaire mais une direction intelligible et un sens idéal….Une aspiration secrète à la réalisation d’un plan de vie. » Idéalisme et matérialisme dans la conception de l’histoire, 1894.
8 – » Aussi notre interprétation de l’histoire sera-t-elle à la fois matérialiste avec Marx et mystique avec Michelet. C’est bien la vie économique qui a été le fond et le ressort de l’histoire humaine, mais à travers la succession des formes sociales, l’homme, force pensante, aspire à la pleine vie de la pensée, à la communion ardente de l’esprit inquiet, avide d’unité, et du mystérieux univers. Le grand mystique d’Alexandrie disait : « les hautes vagues de la mer ont soulevé ma barque et j’ai pu voir le soleil à l’instant où il sortait des flots ». De même, les vastes flots montants de la révolution économique soulèveront la barque humaine, pour que l’homme, pauvre pêcheur lassé d’un long travail nocturne, salue de plus haut la première lueur de l’esprit grandissant qui va se lever sur nous« . Introduction de Histoire socialiste de la Révolution française.
9 – « Alors vraiment l’histoire sera bien la conscience des grands groupements humains. Elle ne sera plus une sorte de clarté partielle et partiale concentrée sur quelques personnages privilégiés : c’est toute l’immense multitudes des hommes qui entrera enfin dans la lumière : et le vrai dieu de l’histoire, le travail, sombre forgeron qui a forgé dans sa caverne obscure les destinées humaines, pareil à un Vulcain bafoué et enseveli qui forgeait les armes des dieux d’en haut, montrera au jour et manifestera sa force créatrice dans le rayonnement de la science et la gloire de l’esprit. Notre œuvre ne sera pas vaine si elle peut, par un commencement de lumière, donner le goût et le besoin d’une plus vaste clarté. « Le Bilan social du XIXe siècle, conclusion de l’Histoire socialiste, 1908.
L’année commence bien ! Nous devons à Jòrdi Blanc, auteur d’une thèse de doctorat sur Jaurès philosophe (1996) et éditeur de ses Œuvres philosophiques aux éditions Vent Terral, la publication du « Dieu de Jaurès ».
Il s’agit d’une présentation claire et systématique du corpus métaphysique et spirituel de Jean Jaurès !
Jordi Blanc a judicieusement et méthodiquement rassemblé les grandes lignes conceptuelles argumentée dans la thèse « De la réalité du monde sensible ». Autour de cet ensemble prennent naturellement sens les fulgurances qui émaillent les discours et les articles de Jaurès, les pistes ouvertes dans ses cours de philosophie, mais aussi ses nombreux textes où il évoque la question centrale et fondatrice de Dieu, du spirituel, de l’infini… Le livre rassemble d’un seul tenant éclairant et inspirant la cohérence systémique de la métaphysique jaurésienne.
Nos temps sont étonnants ! A la faveur des changements et des crises contemporaines, les lignes de fractures tectoniques se multiplient dans tous les savoirs conventionnels. Elles ouvrent de nouveaux champs inattendus à nos perplexités.
Je pense au vivant, au genre, à l’histoire connectée, à toutes les révolutions anthropologiques qui brouillent la boussole de nos acquis.
Parallèlement à ce sabordage de nos certitudes, les glaces des grands appareils dogmatiques et idéologiques continuent de fondre, révélant, à nos grands étonnements, des figures que nous avions réduites et figées dans le glacis des préjugés du temps et du sens commun.
Jaurès, le vrai Jaurès reparait enfin à l’occasion de ces fontes salutaires.
Celui dont on avait figé le portrait dans la sacralité tutélaire du grand républicain, ce Jaurès transformé en relique politique, finissait par s’estomper inexorablement dans l’ombre sépulcrale de l’histoire.
Mais il reparaît là où on ne l’attendait pas !
Jean Jaurès reparait dans la fraîcheur et la vigueur d’une pensée terrienne infusée d’infini, aux éclats philosophiques et spirituels visionnaires, aux ressorts politiques innervés dans la pulsion émancipatrice du vivant. Car Jaurès nous a légué, subrepticement, dans les plis cachés de son histoire et de sa vie, le joyau expérientiel et prophétique de sa pensée.
Engrammé dans sa thèse, incarné dans sa vie, étoilant de lumière ses discours et ses articles, ce joyau est resté invisible, apparaissant parfois à certains comme le noyau d’un archaïsme spiritualiste lointain et suranné.
Certains l’avaient deviné, pressenti, annoncé. Je pense, entre autres, à Léon Blum, à Henri Guillemin, à Camille Grousselas, Bruno Antonini, Eric Vinson et Sophie Viguier-Vinson….
Mais comment mettre à jour ce joyau métaphysique dont les éclats opalescents imposent une acclimatation philosophique aux diffractions multiples – grecs, hébraïques, bibliques…(Jaurès s’acharnait à étudier le sanscrit…! ).
Philosophie jauressienne déroutante constituée de limons rares, d’éclats de sens cosmologiques mêlés aux copeaux de dignité recueillis dans la nuit des humbles et des opprimés. Pensée vivante, embrasée de soleil, transmise par une écriture terrienne vitalisée par les méditations nocturnes et solitaires dans la campagne tarnaise de sa maison de Bessoulet.
Jordi Blanc, non seulement l’a deviné, pressenti, mais il en a fait le cœur d’un engagement passionné et l’objet d’une étude approfondie, en prenant le risque de s’exposer aux jugements et aux préjugés.
Il s’est attaché à remonter le fleuve de la pensée jaurésienne, à étudier le contexte, les enjeux philosophiques et métaphysiques de son temps, ses Maîtres et ses amis. Il a fallu distinguer les sources et les sinueux affluents jusqu’à plonger dans la kabbale juive, dans les épitres de Paul, dans les lumières leibniziennes, spinozistes, en passant par Malebranche. Il fallait également remettre à jour l’influence et les œuvres désormais méconnues des grands spiritualistes français contemporains de Jaurès que furent Felix Ravaison, Jules Lachelier, Emile Boutroux…
L’expérience « spirituelle » singulière de Jaurès s’est formulée philosophiquement en déployant son arbre métaphysique et cosmologique sur ce riche terreau nourricier que Jordi Blanc a magistralement mis à jour.
On comprend mieux alors l’inédit de la spiritualité jauressienne, son éclat prophétique, l’ampleur de son élévation autant que son enracinement dans la chair et les peines du monde. On saisit mieux son dialogue profond avec le christianisme paulinien, du mois est-ce la thèse centrale de Jordi Blanc.
On comprend mieux la difficulté qu’ont pu avoir des historiens des champs historiques et socio-politiques pour appréhender la profondeur et l’amplitude métaphysique et spirituelle de l’éclectique Jaurès.
En mettant à jour le socle de la philosophie spirituelle et cosmologique jaurésienne dans une présentation systématique et clarifiée, Jordi Blanc contribue à l’avènement et l’appropriation du Jaurès qu’appellent les grandes crises de notre temps.
Il n’est pas exclu que depuis sa table de Bessoulet, considérant le ciel étoilé avec lequel il entretenait un dialogue familier, Jaurès, souriant, ait pu être traversé, en ces temps où l’orage de la grande guerre s’annonçait, au temps où son assassinat se pressentait, par l’idée fugace, qu’un jour son temps viendrait…
Le temps est-il venu ?
Merci Jordi Blanc de nous permettre de le penser !
Et de nous ouvrir ainsi un accès à ce Grand Jaurès, occitan et universel, poète et tribun de l’infini incarné dans le souffle du présent, dont le Dieu à la fois transcendant mais intimement mêlé au monde sensible, est consubstantiel à nos luttes et à notre émancipation par la Justice, la Liberté et la Démocratie.
L’horizon est ouvert, allons-y !
Pour acheter le livre que nous recommandons vivement !
https://vent-terral.com/produit/le-dieu-de-jaures/
Hassan Aslafy, Graulhet, le 9 Janvier 2022