Professeur de philosophie, Bruno Antonini a publié en 2004 l’ouvrage « Etat et Socialisme chez Jean Jaurès », tiré de sa thèse de doctorat présentée à la Sorbonne en 2002.
Auteur de nombreux articles, conférences, membre actif d’instances jauressiennes, il contribue à promouvoir l’oeuvre de Jean Jaurès, en particulier sur l’actualité et la pertinence de sa philosophie politique.
Il nous a fait le plaisir de nous accueillir chez lui, dans le Tarn, département où il est né et auquel il reste très attaché.
Nous le remercions chaleureusement de nous avoir permis de découvrir tout l’intérêt de la philosophie politique « incarnée » de Jaurès, reliant cette dernière à un socle métaphysique d’une profondeur rare et remarquable.
Nous avons partagé un remarquable moment d’échanges avec Rémy Pech qui nous accueilli ce début de mois d’octobre dans son domicile toulousain. Nous avons réalisé à cette occasion une vidéo dans lequel il évoque « son chemin avec Jaurès ».
Dans un style très évocatoire et riche en anecdotes, il raconte son itinéraire jauressien, ses recherches et ses publications, partage sa vision de la philosophie et de l’action de Jaurès, la pertinence et l’actualité de son message.
Superbe film et débat. En 1911, de juillet à octobre, Jaurès visite le Brésil, l’Uruguay et l’Argentine à la demande des socialistes argentins. Le voyage s’inscrit dans une période de vive expansion économique et de multiples échanges migratoires et culturels, mais aussi au milieu des tensions internationales en Europe balkanique et en Méditerranée, qui devaient conduire à brève échéance à la Guerre mondiale de 1914-1918.
Table-ronde intéressante et riche de points de vues complémentaires avec : – Remy Pech, historien spécialiste du monde rural, auteur de Jaurès paysan aux éditions Privat – François Godicheau, Enseignant-chercheur (Professeur des Universités) à l’Université Toulouse 2 – Jean Jaurès, rattaché au Département d’histoire. Directeur du laboratoire FRAMESPA UT2J-CNRS ((France-Amérique-Espagne-Société-Pouvoir-Acteurs) – Martine Guibert, enseignante-chercheure (Professeur des universités) à l’Université Toulouse 2 – Jean Jaurès, rattachée au Département de Géographie-Aménagement-Environnement, à l’équipe de recherche « Dynamiques rurales » du LISST – Laboratoire interdisciplinaire Solidarités, Sociétés, Territoires, et à l’IPEAT (Institut pluridisciplinaire d’études sur les Amériques à Toulouse). – Richard Marin, professeur émérite d’histoire contemporaine de l’Université Toulouse II-Le Mirail l’auteur de Histoire du Brésil (avec Bartholomé Benassar, Ed. Fayard 2014)
S’il était possible à chacun de re-découvrir Jean Jaurès ? En dépoussiérant son histoire, en remettant à jour sa pensée complexe et vivifiante ? En l’actualisant comme une référence créatrice pour faire face aux défis de notre temps ?
Se pourrait-il que Jean Jaurès ne soit pas dans le passé mais dans l’avenir… ? Pour cela il faut ouvrir son chemin jaurèsien. C’est ce que nous avons commencé….
Si on m’avait dit, il y a quelques années que je m’attacherai à Jaurès, à son oeuvre, à son message, au point d’y consacrer un blog et d’organiser des événements à son sujet, je pense que j’aurai dubitativement haussé les épaules.
Bien sûr, j’avais une certaine idée du personnage emblématique des grandes luttes sociales. J’avais quelque connaissance de son engagement pour la paix, et je savais qu’il l’avait payé de sa vie. Mais tout cela me semblait lointain et relever des grandes figures nationales consensuelles vouées aux laconiques commémorations républicaines.
Les partis socialistes et communistes se le disputaient pour des raisons différentes et partisanes. L’humanité, son journal emblématique, n’évoquait rien qui puisse susciter une quelconque appétence pour l’oeuvre de son fondateur.
Il y a quelques années pourtant j’étais tombé sur un texte qui m’avait frappé par ses accents visionnaires. J’aurai pu mettre cela sur le compte du tempérament lyrique et méridional de Jaurès, comme certains le font banalement aujourd’hui. Mais ma curiosité fut piquée. Je me promis d’y revenir un jour. C’est donc récemment, encouragé par une amie également passionnée de Jean Jaurès, Marie-Hélène Potier, que j’ai décidé d’aller plus loin…
Bien sûr, il a fallu se plonger pour commencer dans les grandes biographies de Gilles Candar et Vincent Duclert et celle de Max Gallo. On y retrouve la grande figure républicaine, sa vie engagée dans le tumulte de la lutte sociale, et ça et là, sans insister, quelques petites ouvertures sur la dimension philosophique de Jaurès.
Tout en continuant à approfondir avec les ouvrages de Max Assié, Rémi Pech et les premiers déplacements sur les grands sites historiques liés à Jaurès, j’ai trouvé rapidement un ouvrage de Camille Grousselas, « Oser l’idéal » et dans sa suite « Jaurès, le prophète » de Eric Vinson et Sophie Viguier-Vinson.
Si le livre de Camille Grousselas nous invite à plonger dans l’oeuvre métaphysique de Jaurès et s’il ne manque pas d’indiquer quelques « filons de sens » à la sagacité de son lecteur, il le fait dans une approche philosophique et littéraire spécialisée, sans brusquer l’environnement « jauressien ».
Ce qui n’est pas le cas du couple Vinson. Ces derniers, dans leur ouvrage « Jaurès le prophète », n’hésitent pas à taper dans la fourmilière et saisissent l’occasion du centenaire pour évoquer la richesse spirituelle et mystique du philosophe, laquelle d’après eux, est délibérément minorée voire occultée par les tenants sourcilleux de l’officialité laïque de Jean Jaurès. En rencontrant quelques « jauressiens » et militants j’ai pu constater que l’ouvrage était en effet méconnu, voir pas lu, et même ignoré la plupart du temps.
En fait je constatais rapidement que le marbre officiel et public à retenu le portrait du Jaurès militant, syndicaliste, acteur de paix, penseur et acteur audacieux du réformisme social, promoteur de la laïcité républicaine, pionnier de l’unité des socialistes à travers la création de la SFIO…Un Jaurès qui fut moralement exemplaire, resté fidèle à son terroir occitan et toujours partie prenante des luttes ouvrières et paysannes de sa région…
Il faut dire que c’est déjà énorme ! Et on peut comprendre que cette dimension exceptionnelle du personnage ait pu retenir l’attention de ses admirateurs et de ceux qui se revendiquent de son héritage militant et politique. De plus, à travers fondations et universités, historiens, et chercheurs du champs social et politique ont contribué à consolider cette facette publique de Jaurès.
Mais tout cela m’a donné envie d’aller plus loin et de faire quelques pas de plus sur mon chemin jauressien…