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Catégorie : Redécouvrir Jaurès

Collection de citations


En vue d’un travail ultérieur et sans doute d’une prochaine publication, nous allons collecter un certain nombre de citations sourcées, extraites des oeuvres, cours, articles et discours de Jaurès. Ces citations réfèrent à la dimension métaphysique, « au goût de l’infini », à la profondeur spirituelle et évolutionnaire de la vision de Jean Jaurès. Trop nombreuses et foisonnantes, nous nous limiterons aux plus évocatrices, aux plus poétiques, à celles qui sont le plus en résonance avec notre temps. Nous ferons également en sorte de puiser ces citations et extraits, non pas seulement dans sa thèse et ses œuvres de jeunesse, mais tout au long de sa vie, laquelle met en acte sa pensée. Nous allons ajouter ces citations, ci-après, au fur et à mesure, et solliciter quelques amis et grands lecteurs pour accompagner ce travail de collecte. N’hésitez pas à nous joindre si vous souhaitez participer – contactez-nous au mail suivant :
aslafy@gmail.com


1 – « Bien des hommes, qui avaient cru que la science les condamnait à nier ou à douter, s’avisent que la loi même de l’évolution qui fait monter les êtres et les choses de la vie, vers la pensée, vers la conscience, révèle le mystère divin qui est dans l’univers… »
Article de la Dépêche de Toulouse, du 10 Juin 1888

2 – « C’est la leçon de la vie qui monte d’espèces en espèces, qui, degré par degré, semble gravir vers une cime, comme si la vie avait pour loi dans la nature même de se dépasser sans cesse elle-même, vous obligeant ainsi à chercher le ressort profond de ce mouvement et de cette ascension. Et c’est dans cette montée l’élargissement de l’esprit, la croyance, la confiance croissante de l’esprit en lui-même ». Pour la Laïque, discours des 21-24 janvier 1910, à la Chambre des députés.

3 – « La vie de l’homme ne peut être isolée de l’infini où elle se meut et elle tend ». Jaurès aux obsèques de Sautumier, la Petite République, 17 novembre 1896 (Cité par C. Grousselas, Jean Jaurès, Oser l’Idéal, p. 123).

4 – « Quand j’aurai touché le fond de l’univers, il faudra bien revenir à la surface, très mêlée et très agitée ». Concernant le travail de préparation philosophique de sa thèse, Lettre à Charles Salomon, du 10 Août 1882.

5 – « J’ai acquis l’art très difficile de flâner et de végéter doucement une journée entière, sans étudier, sans lire, et presque sans penser. C’est un art admirable, et que je veux cultiver, car il doit être d’une grande ressource dans les années de vieillesse ou de fatigue pour garder sa bonne humeur et la sérénité d’esprit ». Lettre à Cherles Salomon, du 11 Mars 1883.

6 – « Nous ne pouvons produire un seul mouvement, déplacer un seul grain de sable, sans modifier l’équilibre de l’univers tout entier. » Idéalisme et matérialisme dans la conception de l’histoire, 1894.

7 – « Il y a dans l’histoire humaine, non seulement une évolution nécessaire mais une direction intelligible et un sens idéal….Une aspiration secrète à la réalisation d’un plan de vie. » Idéalisme et matérialisme dans la conception de l’histoire, 1894.

8 –  » Aussi notre interprétation de l’histoire sera-t-elle à la fois matérialiste avec Marx et mystique avec Michelet. C’est bien la vie économique qui a été le fond et le ressort de l’histoire humaine, mais à travers la succession des formes sociales, l’homme, force pensante, aspire à la pleine vie de la pensée, à la communion ardente de l’esprit inquiet, avide d’unité, et du mystérieux univers. Le grand mystique d’Alexandrie disait : « les hautes vagues de la mer ont soulevé ma barque et j’ai pu voir le soleil à l’instant où il sortait des flots ». De même, les vastes flots montants de la révolution économique soulèveront la barque humaine, pour que l’homme, pauvre pêcheur lassé d’un long travail nocturne, salue de plus haut la première lueur de l’esprit grandissant qui va se lever sur nous« . Introduction de Histoire socialiste de la Révolution française.

9 – « Alors vraiment l’histoire sera bien la conscience des grands groupements humains. Elle ne sera plus une sorte de clarté partielle et partiale concentrée sur quelques personnages privilégiés : c’est toute l’immense multitudes des hommes qui entrera enfin dans la lumière : et le vrai dieu de l’histoire, le travail, sombre forgeron qui a forgé dans sa caverne obscure les destinées humaines, pareil à un Vulcain bafoué et enseveli qui forgeait les armes des dieux d’en haut, montrera au jour et manifestera sa force créatrice dans le rayonnement de la science et la gloire de l’esprit. Notre œuvre ne sera pas vaine si elle peut, par un commencement de lumière, donner le goût et le besoin d’une plus vaste clarté. «  Le Bilan social du XIXe siècle, conclusion de l’Histoire socialiste, 1908.

Le Dieu de Jaurès, enfin !

L’année commence bien ! Nous devons à Jòrdi Blanc, auteur d’une thèse de doctorat sur Jaurès philosophe (1996) et éditeur de ses Œuvres philosophiques aux éditions Vent Terral, la publication du « Dieu de Jaurès ».

Il s’agit d’une présentation claire et systématique du corpus métaphysique et spirituel de Jean Jaurès !

Jordi Blanc a judicieusement et méthodiquement rassemblé les grandes lignes conceptuelles argumentée dans la thèse « De la réalité du monde sensible ». Autour de cet ensemble prennent naturellement sens les fulgurances qui émaillent les discours et les articles de Jaurès, les pistes ouvertes dans ses cours de philosophie, mais aussi ses nombreux textes où il évoque la question centrale et fondatrice de Dieu, du spirituel, de l’infini… Le livre rassemble d’un seul tenant éclairant et inspirant la cohérence systémique de la métaphysique jaurésienne.

Nos temps sont étonnants ! A la faveur des changements et des crises contemporaines, les lignes de fractures tectoniques se multiplient dans tous les savoirs conventionnels. Elles ouvrent de nouveaux champs inattendus à nos perplexités.

Je pense au vivant, au genre, à l’histoire connectée, à toutes les révolutions anthropologiques qui brouillent la boussole de nos acquis.

Parallèlement à ce sabordage de nos certitudes, les glaces des grands appareils dogmatiques et idéologiques continuent de fondre, révélant, à nos grands étonnements, des figures que nous avions réduites et figées dans le glacis des préjugés du temps et du sens commun.

Jaurès, le vrai Jaurès reparait enfin à l’occasion de ces fontes salutaires.

Celui dont on avait figé le portrait dans la sacralité tutélaire du grand républicain, ce Jaurès transformé en relique politique, finissait par s’estomper inexorablement dans l’ombre sépulcrale de l’histoire.

Mais il reparaît là où on ne l’attendait pas !

Jean Jaurès reparait dans la fraîcheur et la vigueur d’une pensée terrienne infusée d’infini, aux éclats philosophiques et spirituels visionnaires, aux ressorts politiques innervés dans la pulsion émancipatrice du vivant. Car Jaurès nous a légué, subrepticement, dans les plis cachés de son histoire et de sa vie, le joyau expérientiel et prophétique de sa pensée.

Engrammé dans sa thèse, incarné dans sa vie, étoilant de lumière ses discours et ses articles, ce joyau est resté invisible, apparaissant parfois à certains comme le noyau d’un archaïsme spiritualiste lointain et suranné.

Certains l’avaient deviné, pressenti, annoncé. Je pense, entre autres, à Léon Blum, à Henri Guillemin, à Camille Grousselas, Bruno Antonini, Eric Vinson et Sophie Viguier-Vinson….

Mais comment mettre à jour ce joyau métaphysique dont les éclats opalescents imposent une acclimatation philosophique aux diffractions multiples – grecs, hébraïques, bibliques…(Jaurès s’acharnait à étudier le sanscrit…! ).

Philosophie jauressienne déroutante constituée de limons rares, d’éclats de sens cosmologiques mêlés aux copeaux de dignité recueillis dans la nuit des humbles et des opprimés. Pensée vivante, embrasée de soleil, transmise par une écriture terrienne vitalisée par les méditations nocturnes et solitaires dans la campagne tarnaise de sa maison de Bessoulet.

Jordi Blanc, non seulement l’a deviné, pressenti, mais il en a fait le cœur d’un engagement passionné et l’objet d’une étude approfondie, en prenant le risque de s’exposer aux jugements et aux préjugés.

Il s’est attaché à remonter le fleuve de la pensée jaurésienne, à étudier le contexte, les enjeux philosophiques et métaphysiques de son temps, ses Maîtres et ses amis. Il a fallu distinguer les sources et les sinueux affluents jusqu’à plonger dans la kabbale juive, dans les épitres de Paul, dans les lumières leibniziennes, spinozistes, en passant par Malebranche. Il fallait également remettre à jour l’influence et les œuvres désormais méconnues des grands spiritualistes français contemporains de Jaurès que furent Felix Ravaison, Jules Lachelier, Emile Boutroux…

L’expérience « spirituelle » singulière de Jaurès s’est formulée philosophiquement en déployant son arbre métaphysique et cosmologique sur ce riche terreau nourricier que Jordi Blanc a magistralement mis à jour.

On comprend mieux alors l’inédit de la spiritualité jauressienne, son éclat prophétique, l’ampleur de son élévation autant que son enracinement dans la chair et les peines du monde. On saisit mieux son dialogue profond avec le christianisme paulinien, du mois est-ce la thèse centrale de Jordi Blanc.

On comprend mieux la difficulté qu’ont pu avoir des historiens des champs historiques et socio-politiques pour appréhender la profondeur et l’amplitude métaphysique et spirituelle de l’éclectique Jaurès.

En mettant à jour le socle de la philosophie spirituelle et cosmologique jaurésienne dans une présentation systématique et clarifiée, Jordi Blanc contribue à l’avènement et l’appropriation du Jaurès qu’appellent les grandes crises de notre temps.

Il n’est pas exclu que depuis sa table de Bessoulet, considérant le ciel étoilé avec lequel il entretenait un dialogue familier, Jaurès, souriant, ait pu être traversé, en ces temps où l’orage de la grande guerre s’annonçait, au temps où son assassinat se pressentait, par l’idée fugace, qu’un jour son temps viendrait…

Le temps est-il venu ?

Merci Jordi Blanc de nous permettre de le penser !
Et de nous ouvrir ainsi un accès à ce Grand Jaurès, occitan et universel, poète et tribun de l’infini incarné dans le souffle du présent, dont le Dieu à la fois transcendant mais intimement mêlé au monde sensible, est consubstantiel à nos luttes et à notre émancipation par la Justice, la Liberté et la Démocratie.
L’horizon est ouvert, allons-y !

Pour acheter le livre que nous recommandons vivement !
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Hassan Aslafy, Graulhet, le 9 Janvier 2022

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